Le broutage ou l’escroquerie en ligne en Cote d’Ivoire qu’est-ce??
La population ivoirienne constituée en majorité de jeunes, a perdu ses repères depuis l’avènement du ‘’coupé-décalé’’ (rythme urbain) en 2002, dans un contexte sociopolitique aggravé par la guerre. Les créateurs et concepteurs du coupé décalé qu’on appelait ‘’Jet Set’’ à l’époque avec pour chef de fil, feu Stéphane Doukouré alias « Douk Saga », avaient réussi à séduire une tranche de la population avec leur dandysme, et aussi leur « travaillement » (la distribution de billets de banque sans compter, dans les lieux publics…).
Adulés et courtisés, tellement chargés de frics, ils étaient soupçonnés d’être des escrocs du net appelés dans le jargon ivoirien « les brouteurs ».
A cette époque, quel jeune ne désirait pas être ami à eux ou ne voulait pas leur ressembler ? Sans le savoir, le coup d’envoi dans la course à l’argent facile, par tous les moyens, venait d’être donné.
Aujourd’hui, nous assistons à une perte galopante des valeurs morales ! Le « broutage » bat son plein. Tout le monde veut à tout prix gagner de l’argent facilement dans l’arnaque via Internet.
Malheureusement pour ces ‘’brouteurs’’ qui portent une atteinte grave à l’image de la Côte d’Ivoire, à la réputation et l’économie de notre pays, l’État n’entend plus croiser les bras et assister à cette course illégale au gain facile, sans réagir. Une loi a été mise en place pour lutter contre cette infraction qui se commet essentiellement dans le cyber espace : C’est la loi N°2013-451 du 19 juin 2013 relative à la lutte contre la cybercriminalité.
Ainsi, une lutte, une traque même est menée contre les brouteurs par la police de lutte contre la cybercriminalité. Certains cybercafés sont surveillés et souvent pris d’assaut pour dénicher les délinquants…
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Mais face à cette riposte, les jeunes ‘’brouteurs’’ désireux de ne pas perdre leur rythme de vie élevé, les brouteurs vont changer de stratégie de « barra » et se déporter de plus en plus vers un autre terrain : les pratiques occultes.
Désormais, ils gagnent beaucoup plus qu’on ne l’imagine. L’arnaque virtuelle n’est devenue qu’une simple couverture. Les sacrifices occultes sont leur principale activité. Pour avoir de l’argent ils sont prêts à tout : égorger un enfant pour leur rituel par exemple. L’on se rappelle l’aveu du meurtrier Bonny Evrard à Bonoua (Sud-est de la Côte d’Ivoire) parut au journal Télévisé de la première chaine Nationale Ivoirienne…
Très souvent même, ils offrent en sacrifice leur propre vie parce qu’étant jeunes. Les « brouteurs », on les trouve partout. Leur âge oscille entre 13 et 30 ans. D’autres, au volant de grosses cylindrées, bouteilles de champagne en main, parcourent hôtels luxueux et autres salons VIP des boites de nuit des grandes villes ivoiriennes…
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Hélas, la société reste silencieuse !! Parents et amis bien au contraire, les traitent avec respect et sympathie alors qu’ils commencent à endeuiller des familles.
Certes, certains parmi eux ont pu sortir leur famille de la misère. Plusieurs se sont même tracé un avenir tranquille et ont retrouvé le droit chemin. Mais, cela ne justifie en rien un tel silence de la société en général…
Parents et amis, on ne parle plus simplement d’arnaque financière via le Net, mais on parle aussi de meurtres (sacrifices humains) … Alors, c’est maintenant qu’il faut agir, sensibiliser, conseiller, rééduquer cette jeunesse ivoirienne, afin de lutter contre ce phénomène. Et nous pensons que les autorités compétentes doivent redoubler d’ardeur dans ce sens.
Sinon, comment dire à nos enfants, dans cette société nouvelle qui a vu des gens devenir millionnaires sans efforts par l’arnaque, qu’il faut se donner de la peine à l’école ou à toutes autres activités honnêtes pour réussir dans la vie ?
Il faudra d’abord résoudre le problème du broutage au fond, surtout que les vies humaines sont désormais exposées… Ainsi, tout ira pour le mieux.
Tous, nous devons participer à l’éradication de ce fléau car, soulignons-le, tout commence dans la famille, la communauté avant de toucher la Nation toute entière.
Pour finir, nous aimerions que les brouteurs sachent et n’oublient pas ceci : « la richesse s’invite bien chez un pauvre qui travaille résolument… et même si le travail que nous exerçons ne nous fait pas sortir de la misère, il nous garantit la dignité… »
Steven Tabé, JurisTIC-CI