THEME : LA LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME EN CÔTE D’IVOIRE
- Bonjour Monsieur Pouvez-vous vous présenter aux internautes ?
Je suis Marc GNAHORE expert en Gouvernance et Evaluateur des Risques de Blanchiment des Capitaux et de Financement du Terrorisme.
- Pouvez-vous nous expliquer en termes simples la notion de Blanchiment de Capitaux et Financement du Terrorisme ?
Le blanchiment de capitaux consiste à dissimuler l’origine illégale de fonds pour les rendre apparemment légitimes. Ces fonds proviennent souvent d’activités criminelles le plus souvent sous- jacentes au BC/FT comme le trafic de drogue et d’êtres humains, la criminalité faunique, la concussion, la corruption ou la fraude…
Le financement du terrorisme ou noircissement de capitaux, quant à lui, implique le transfert de fonds légaux ou illégaux pour soutenir des activités terroristes.
Ces deux phénomènes sont interdépendants et constituent des menaces graves pour la stabilité socioéconomique et la paix sociale.
- Qu’est-ce qu’un citoyen lambda doit comprendre par l’inscription de la Côte d’Ivoire sur la liste grise du GAFI ?
Le Groupe d’action financière (GAFI) est une organisation mondiale de surveillance du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme. Cette organisation intergouvernemental fixe des normes internationales visant à prévenir ces activités illégales et les dommages qu’elles causent à la société. En tant qu’organe d’élaboration des politiques, le GAFI s’efforce de susciter la volonté politique nécessaire à la mise en œuvre de réformes législatives et réglementaires nationales dans ces domaines.
La liste grise (juridiction soumise à une surveillance renforcée) identifie les pays qui travaillent activement avec le GAFI pour remédier aux déficiences stratégiques de leur régime de lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et le financement de la prolifération. Lorsque le GAFI place une juridiction sous surveillance renforcée, cela signifie que le pays s’est engagé à résoudre rapidement les déficiences stratégiques identifiées dans les délais convenus et qu’il est soumis à une surveillance renforcée. L’inscription sur la liste grise du GAFI (Groupe d’action financière) signifie que la Côte d’Ivoire est considérée comme ayant des lacunes dans ses mesures de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Cependant, le pays s’est engagé à mettre en place des réformes pour y remédier. Cette inscription peut entraîner une vigilance accrue des investisseurs internationaux et des institutions financières.
Rappelons que la Côte d’Ivoire a déjà satisfait 68 indicateurs sur les 82 exigés par le GAFI. « Il reste 14 indicateurs à atteindre pour les deux (2) prochaines années.
- Quels sont les impacts économiques et financiers de cette inscription pour le pays ?
Cette inscription peut affecter la réputation financière du pays, entraîner des contrôles accrus sur les transactions financières internationales et potentiellement dissuader les investissements étrangers. L’inscription peut réduire la confiance des investisseurs et compliquer les transactions financières internationales. Les entreprises ivoiriennes pourraient être soumises à des contrôles renforcés, ce qui peut ralentir les échanges commerciaux et augmenter les coûts de transaction.
La liste grise peut être perçue par d’autres pays et juridictions comme une indication de risque élevé de BC/FT et ainsi avoir des conséquences économiques qui pourraient affecter le secteur financier du pays listé et entraîner la diminution de l’aide financière internationale et de l’aide due en raison de la diminution des risques, impactant les pays à plus faibles revenus qui dépendent largement de l’aide au développement étrangère et de l’aide internationale.
La répercussion la plus grave d’une inscription sur liste grise est qu’un pays continuant à être non-conforme risque d’être inscrit sur liste noire par le GAFI, ce qui signifie l’application de sanctions et un dommage à la réputation beaucoup plus grave.
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- Comment les réseaux sociaux comme TikTok ou Facebook peuvent-ils être exploités pour le blanchiment de capitaux ?
Les réseaux sociaux peuvent être utilisés pour faciliter le blanchiment de capitaux par la création de faux profils, la vente de biens et services fictifs, et le transfert de fonds via des plateformes de paiement intégrées. Ces transactions peuvent masquer l’origine réelle des fonds. Ces plateformes permettent des transactions financières par le biais de publicités, de collectes de fonds ou de paiements directs. Les criminels utilisent des comptes fictifs ou des influenceurs pour déplacer des fonds sans attirer l’attention des autorités.
- Quels mécanismes ou failles spécifiques facilitent ces pratiques sur ces plateformes ?
Les failles incluent la vérification insuffisante ou peu rigoureuse des utilisateurs, l’anonymat des transactions, le manque de transparence dans les activités commerciales en ligne, la difficulté pour les autorités de surveiller en temps réel les flux financiers sur ces réseaux mondiaux. Tous Ces éléments rendent difficile la traçabilité des flux financiers et facilitent les opérations illicites.
- Comment différencier les flux financiers légitimes des transactions suspectes en ligne ?
Pour différencier les flux financiers légitimes des transactions suspectes, il est essentiel de surveiller les montants inhabituels, les transferts entre comptes non liés, et les transactions en provenance de pays à risque ou à haut risque.
Les flux financiers légitimes respectent les réglementations locales et internationales. Les transactions suspectes se distinguent par des montants occasionnels, des activités incohérentes avec le profil de l’utilisateur ou des transferts vers des zones géographiques à risque.
Les institutions financières doivent mettre en place des systèmes robustes de LBC/FT.
- Quels exemples récents démontrent l’utilisation des réseaux sociaux dans des opérations illicites ?
Récemment, des cas ont été signalés où des groupes criminels utilisaient des plateformes comme Facebook pour organiser des ventes de biens fictifs, et des influenceurs sur TikTok pour blanchir de l’argent via des cadeaux et des transactions sponsorisées. Un exemple notable est l’utilisation de plateformes comme WhatsApp ou Instagram pour des escroqueries de type « investissement rapide » ou pour dissimuler des fonds collectés via des donations frauduleuses. Récemment, certains réseaux terroristes ont également utilisé TikTok pour collecter des fonds sous couvert d’œuvres caritatives. Tout cela montre la créativité des criminels dans l’utilisation des technologies modernes.
- Quelles mesures les autorités ivoiriennes peuvent-elles prendre pour réguler ces plateformes ?
Les autorités peuvent renforcer la règlementation et intensifier la collaboration avec les entreprises technologiques, imposer des vérifications plus strictes des utilisateurs, et exiger des rapports réguliers sur les transactions suspectes. La sensibilisation du public à ces risques est également essentielle. Les primes d’incitation à la performance des agents engagés dans la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme doivent être étudiées
- Merci M. GNAHORE d’avoir accepté cette interview. Avez-vous un mot à nous laisser pour finir ?
La lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme est l’affaire de tous ! Ce combat requiert la mobilisation participation de l’ensemble des populations : hommes, femmes, jeunes, adultes, étudiants.es professionnels, médias etc.
« MOI CITOYEN – MOI CITOYENNE LE BLANCHIMENT DES CAPITAUX NE PASSERA PAS PAR MOI. »