samedi, septembre 7, 2024
Entrevue avec...

Monsieur VLADIMIR AMAN Expert en cybersécurité, certifié ISO 27032 cybersécurity Manager

APPROCHES SUR LA NOTION DE CYBERCRIMINALITÉ.

  • Bonjour Monsieur, pouvez-vous vous présenter en quelques lignes à nos internautes? 

Je suis AMAN VLADIMIR, spécialiste en management de la sécurité de l’information et management de la cybersécurité, certifié ISO 27001 Lead Implementer et ISO 27032 Lead Cybersecurity Manager. Je suis titulaire d’une maîtrise en criminologie appliquée avec spécialité dans la lutte contre la cybercriminalité obtenu à l’Université de Cocody. Du point de vue professionnel, j’ai exercé comme analyste de sécurité SI à la Plateforme de Lutte Contre la Cybercriminalité, au CI-CERT et je suis actuellement chef de service cybersécurité et gouvernance de l’Internet à l’ARTCI.

  • Quelle approche avez-vous de la notion de cybercriminalité? 

La cybercriminalité est une forme de criminalité ayant les mêmes fondements que la criminalité classique, mais elle se distingue de cette dernière, par les moyens d’expressions, de commission des infractions (les TIC). De plus elle présente une caractéristique singulière, qui est son caractère transfrontalier et extrêmement dynamique, en raison de l’évolution très rapide des technologies de l’information et de la communication.

  • Quelles sont d’après vous les causes de ce phénomène? 

Analyser cette question conduit à adopter une approche criminologique sur les causes de la criminalité de manière générale. Comme la criminalité classique, la cybercriminalité est la résultante d’une convergence de plusieurs facteurs divers, notamment et sans être exhaustif:

  • Le développement des technologies de l’information et de la communication ;
  • La vulgarisation de l’accès à Internet ;
  • Le manque d’éducation sur les réflexes et bonnes pratiques d’usage d’Internet et des TIC des usagers;
  • La dématérialisation des services et échanges interhumains ;
  • La relative faiblesse, voir inefficacité de l’appareil répressif en la matière ;
  • La précarité des conditions socio-économiques de vie ;
  • La marginalité sociétale volontaire ou involontaire ;
  • Le laxisme dans l’éducation et la perte des valeurs sociales ;
  • Le développement et l’accroissement extraordinaire de l’économie numérique ;

Voir aussi: Entrevue avec Madame Amand Patricia sur le Mobile Banking et le Droit des Télécoms

  • La lutte contre la cybercriminalité n’entrave-t-elle pas en quelques sortes  la liberté des internautes? 

Il faut reconnaître que la frontière entre lutte contre la criminalité et protection des libertés est très étroite. C’est la raison pour laquelle il faut définir sans ambiguïté les règles et procédures relatives à la lutte contre la cybercriminalité, à travers un arsenal juridique complet et adapté aux réalités du pays. La Côte d’Ivoire a amorcé depuis 2013, cette marche vers la mise en place d’un cadre juridique global de lutte contre la cybercriminalité complet et compatible avec les valeurs de protection des droits et libertés fondamentales des citoyens.

Même si beaucoup de choses ont été faites, force est de constater que de nombreux efforts doivent encore être consentis, notamment dans le respect des lois et procédures pénales.

  • Pensez-vous que le cyber espace  peut être considéré comme un champ de bataille en cas de conflit, comme la  terre, les airs et la mer? Pourquoi? 

L’OTAN s’est prononcé depuis 2016 sur la question en reconnaissant le cyber comme espace de cyberespace comme un « domaine opérationnel« , susceptible donc d’être le champ d’une cyberguerre. Même si les difficultés à définir avec précision ces notions persistent, il est absolument indéniable que le cyberespace remplit quasiment les même fonctions que les domaines opérationnels que sont la mer, la terre, les airs.

Mon point de vue personnel est que le cyberespace fait partie intégrante du territoire d’un Etat, quoique des spécificités singulières lui soient reconnues. En effet, le cyberespace peut être considéré comme intrinsèquement lié aux autres domaines opérationnels, dans la mesure où une cyberattaque peut avoir des répercussions sur le monde physiques et affecter gravement la stabilité et la sécurité d’une nation. L’exemple d’une centrale nucléaire qui se fait attaquer par un logiciel malveillant et offre la possibilité de modifier les mesures scientifique et techniques des réacteurs, peut entraîner des explosions et une propagation de charges radioactives susceptible de porter atteinte à l’intégrité physique de toute une nation.

Enfin, bien que l’Internet soit ouvert et sans frontière physique, la question de la protection des systèmes d’information et infrastructures critiques nationales de télécommunications/TIC, renforce la nécessité de protéger son « cyberespace national ».

  •  Quel est selon vous le moyen le plus efficace pour lutter contre la cybercriminalité ?
    Et à votre avis, laquelle de la protection Informatique ou de la protection Juridique trouvez-vous la plus pertinente dans cette lutte ?

En considérant le faisceau des causes possibles de la cybercriminalité, il faut adopter également une approche multidimensionnelle en combinant la protection juridique, informatique, sociale, etc. Il n’existe pas de recette magique applicable à tous les contextes, mais une stratégie de lutte efficace contre la cybercriminalité pourrait adresser les points suivants :

  • Axe 1 : Augmentation des efforts
    • Durcissement des cibles par la sensibilisation, le renforcement des capacités, etc.
    • Renforcement de la protection des données et du système
  • Axe 2 : Augmentation des risques pour les cybercriminels
    • Amélioration de la surveillance technique par des forces opérationnelles dotées de réelles capacités de dissuasion et de réaction
    • Détection des intrusions
  • Axe 3 : Réduction des bénéfices attendus
    • Dénis des bénéfices
    • Réduction des tentations
  • Axe 4 : Suppression des justifications
    • Renforcement de l’activité législative, réglementaire en adaptant la vitesse de réaction de l’appareil législatif à la vitesse d’évolution des technologies et de la cybercriminalité
    • Incitation au respect des règles par la sensibilisation

Merci monsieur d’avoir accepté de répondre à nos questions.

 

L’équipe JurisTIC-Côte d’Ivoire

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